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6 janvier 2016 3 06 /01 /janvier /2016 12:08
Y, de Marjorie Celona

Annie, de Sète, a beaucoup aimé ce roman paru en 2014, premier roman d'une jeune romancière canadienne :

«Y. La lettre parfaite. L'os de la chance, la fourche des chemins, le verre à martini vide. La lettre qui se prononce pourquoi en anglais - Why ? -, question que nous posons sans cesse. Ma vie commence au Y.» Ainsi débute l'histoire de Shannon, un bébé abandonné devant les portes d'un YMCA (une association de jeunes chrétiens), emmailloté dans un pull gros crasseux, avec pour seule compagnie un couteau suisse. Quelques secondes plus tard, elle est recueillie par un homme, mais celui-ci ne peut qu'apercevoir la silhouette de la mère qui s'enfuit déjà. Une décision qui va changer à jamais le cours de ces trois vies. De famille d'accueil en famille d'accueil, Shannon foit faire face à l'abandon et à la violence. Elle finit cependant par trouver la stabilité et l'amour chez Miranda, une mère célibataire bienveillante qui n'aime pas le gaspillage. Mais les questions que se pose la jeune fille grandissent avec elle. D'où vient-elle ? Qui est sa vraie famille ? Pourquoi l'a-t-on abandonnée le jour même de sa naissance ? Les réponses se trouvent dans le récit déchirant de la vie de Yula, la mère de Shannon, une enfant au destin tragique.
Ce roman écrit pas une canadienne Marjorie CELONA, dans une langue fluide et imagée, pose la question fondamentale de nos origines. Malgré cette vie mystérieuse dès le départ
Shannon arrive à tracer sa route. Très beau roman à lire d’urgence.

Annie

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31 décembre 2015 4 31 /12 /décembre /2015 16:17
Un bon gros polar passionnant pour bien commencer 2016

BONNE ANNEE A TOUS !

Un bon gros polar passionnant pour bien commencer 2016

TU TUERAS LE PÈRE, de Sandrone Dazieri

Robert Laffond-La Bête Noire, 2015 ; 666 pages

Ce roman a fait l'objet d'une page spéciale « Coup de cœur » dans le dernier Hebdo des Notes, et il la mérite amplement. J'ai abordé ce gros pavé avec un peu d'inquiétude, mais passées les 50 premières pages un peu touffues consacrées à la mise en place des personnages, je ne l'ai plus lâché ! Je ne vous raconterai pas l'histoire, elle n'arrête pas de rebondir en des épisodes de plus en plus rocambolesques. Il est question d'une enquête entre Rome et Cremone, concernant des enlèvements d'enfants, menée tambour battant par Colomba, une jeune commissaire encore en congé à la suite d'une explosion dans un restaurant parisien, et Dante, un jeune homme rendu claustrophobe par un séjour de 11 ans dans un silo, sous la coupe d'un malade qu'il appelle le Père.

« Les deux enquêteurs officieux sont limite borderline, mais diablement efficaces et attachants. Un roman très humain, complexe et dense, servi par une écriture énergique, prenant jusqu’au dénouement. (V.M. et M.-C.A.) » (Hebdo des notes).

Prévoyez 2 ou 3 jours tranquilles devant vous car vous ne pourrez pas abandonner ce « tourne-pages » terriblement prenant ; pas de temps mort, pas de délayage, une écriture soignée, des personnages effectivement très humains, et une pointe d'humour pour alléger le tout … Une réussite !

Françoise de Sète

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17 décembre 2015 4 17 /12 /décembre /2015 15:53
Et tu n'es pas revenu, de Marceline Loridan-Ivens
Et tu n'es pas revenu, de Marceline Loridan-Ivens

Chantal a lu ce témoignage bouleversant et dur, paru chez Grasset janvier 2015 :

70 ans après la libération d'Auschwitz, une des rares rescapées encore en vie, elle a 87 ans, née Rosenberg de parents juifs polonais émigrés en France en 1919, s'adresse dans ce livre à son père, déporté en même temps qu'elle mais qui lui ne reviendra pas; elle avait 15 ans, lui 44, le jour de leur départ vers l'enfer.

Et sa vie après? « une femme inconsolable et gaie, une femme aux yeux secs »

« S'occuper des autres quand on est incapable de s'occuper de soi ». Après cette épreuve dont elle ressort « survivante » elle devient actrice et rencontre son mari Joris Ivens, cinéaste avec qui ils vont tourner des films, des documentaires engagés (ex sur le Vietnam), témoins de leur idéalisme.

Le dernier film d'Ivens avant sa disparition, « une Histoire de Vent », est très poétique et touchant.

Il entraîne son équipe de tournage en plein désert pour filmer le vent!

A la mort de son mari, Marceline Loridan-Ivens qui jusque là s'est tue, ose raconter, pour que la mémoire reste au monde, ce qu'elle a vécu et « à celui qui n'est pas revenu » .

Dans ce récit écrit à quatre mains avec la journaliste Judith Perrignon, Marceline se livre: « je veux fuir l'histoire du monde, revenir à la mienne, celle de Shloïme (Salomon, son père) et de sa chère petite fille ».

Et poignantes, effrayantes, honteuses, appelons ça humanité? des phrases incisent la page.

Pas besoin d'émotion, seuls les faits sans fioritures torturent le lecteur, ceux qui évoquent son quotidien dans les camps : « je sors vivante d'un fourgon de cadavres », « la mort recrachait tant d'habits », « ne jamais me laisser aller à l'idée que la mort c'est la paix », « on gèle de l'intérieur pour ne pas mourir » prouvent sa force de résistance, mentale et physique, la conscience aigue de ce qui se joue.

Et son père qu'elle a entrevu, et le message qu'il arrive à lui faire passer alors qu'ils sont détenus :

« c'est un mot de ton père » si précieux, si risqué car « nous pouvions être tués pour ce simple échange », ce message qui prouvait qu'ils existaient encore.

«Toi tu es jeune, Moi je ne reviendrai pas » disait son père qui semblait offrir sa vie en échange de la sienne.

Elle lui raconte sa vie en retour : « j'ai été quelqu'un de gai tu sais malgré ce qui nous est arrivé. Gaie à notre façon pour se venger d'être triste et rire quand même »

Elle parcourt sans relâche à son âge les écoles pour ouvrir les consciences mais souvent les réactions la déçoivent: « vous êtes des lâches ». Elle a la stature pour...

Il est urgent de la découvrir encore en vie toujours en vie et pour longtemps encore....

Chantal J

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10 décembre 2015 4 10 /12 /décembre /2015 14:53
Rencontre autour des livres du 23/11/2015 : Titus n'aimait pas Bérénice, de Nathalie Azoulai, Prix Médicis 2015

Françoise vous propose une version un peu plus détaillée pour ce roman déjà commenté sur le site :

Ce roman a fait partie de la dernière sélection du Goncourt, c'était le seul dont l'auteur est une femme et le seul qui n'avait pas pour sujet l'Orient ou le monde arabe. Il n'a pas eu le Goncourt mais a obtenu quelques jours plus tard le Prix Médicis.

L'auteur : C'est une jeune agrégée de lettres, passée par l'ENS. Elle travaille dans l'édition et publie son premier roman, Mère agitée, en 2002.

Elle vit quelques années en Espagne, où elle écrit Les Manifestations, qui suscite un intérêt polémique car il y est question de l'antisémitisme (rappelons qu'elle est d'origine juive).

Celui-ci est son sixième roman. Pour l'anecdote, elle a participé à l'écriture du scénario de Himalaya, l'enfance d'un chef.

Le héros de ce roman est Jean Racine, ou Jean tout simplement comme il est désigné familièrement tout au long du livre.

L'auteur nous raconte sa vie, les faits, les dates sont respectées. Mais dans cette trame factuelle, elle fait son travail de romancière, elle imagine, elle invente des sentiments, des émotions, qui font de Jean un véritable personnage de roman : ce n'est donc absolument pas une biographie.

Dans le premier chapitre, nous rencontrons une moderne Bérénice qui vient d'être plaquée par son Titus ; non pas au profit de la gloire que va lui apporter son nouveau job d'empereur romain comme celui de la tragédie, mais plus prosaïquement, il préfère rentrer retrouver le confort de sa petite famille et de sa légitime, Roma. On ne sait pas s'il lui a joué la grande scène 4 de l'Acte 2 :

BÉRÉNICE Ainsi donc mes bontés vous fatiguent peut-être ?

TITUS Non, Madame. Jamais, puisqu'il faut vous parler, Mon coeur de plus de feux ne se sentit brûler. Mais...

BÉRÉNICE Achevez.

TITUS Hélas !

BÉRÉNICE Parlez. TITUS Roma... Les enfants .... (Rome … l'Empire)

En tous cas, notre Bérénice souffre beaucoup et se plonge dans les tragédies de Racine pour tenter de trouver un écho à sa douleur dans les tirades de ses sœurs dans les affres de l'amour contrarié : Bérénice, Andromaque, Phèdre,

Lire page 18-19.

Cette dernière phrase résume bien l'objectif de l'auteur : Racine a vécu écartelé entre son éducation janséniste à Port-Royal des Champs, qu'il n'a jamais reniée, et une vie de faste, de luxe, au plus près du Roi qu'il admirait beaucoup (il devient son historiographe avec son ami Nicolas Boileau), son goût pour les plaisirs profanes, pour les femmes, en particulier les belles tragédiennes et surtout son amour pour la langue, la poésie. Dans une interview, NA dit que « ce roman est un hymne d'amour à la langue, que la langue en est le personnage principal ».

En effet, à Port-Royal enseignent des maîtres éminents, Lancelot, Nicole, Le Maître, et l'enseignement se fait en français contrairement aux écoles de Jésuites de l'époque. On y traduit les textes grecs et latins, Jean est un élève surdoué, dirons-nous aujourd'hui, et donc l'auteur l'imagine un brin provocateur, transgressif, lisant en douce des lectures interdites dans lesquelles il a l'occasion de découvrir l'amour au féminin (ce n'est évidemment pas à Port-Royal qu'il a l'occasion de rencontrer des femmes).

Il est passionné par le maniement de la langue, s'enthousiasme pour la poésie et en particulier les alexandrins.

On se rend compte combien les tragédies de Racine ont dû être scandaleuses à l'époque, mais le corset de l'alexandrin et des règles strictes de la tragédie ont permis de faire passer le scandale de la sensualité, de la passion amoureuse.

On le découvre aussi en metteur en scène exigeant de ses propres pièces : lire p.182-183.

Pour lui la langue est une musique, et qu'importe les apparentes maladresses ou légères fautes de français que nous nous sommes tous amusé à repérer dans ses tragédies, l'important c'est que ça sonne bien.

Comme vous le constatez, le style est fluide et poétique, l'auteur sait nous rendre ce grand tragédien très attachant et surtout nous donne envie de relire ses pièces. Notre Bérénice moderne saura aussi le moment venu se comporter en véritable héroïne racinienne.

Ce roman s'adresse à tous les lecteurs ayant au moins eu l'occasion de rencontrer Racine au cours de ses études secondaires. Vous pouvez le recommander à tous vos lecteurs !

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