Gallimard 2016, 150 pages, 14€

Françoise de Sète a adoré :

Tous ceux qui étaient présents à Sète pour l'AG de 2012 se souviennent bien sûr de René Frégni, écrivain de Manosque, amoureux de sa Provence et des femmes, remarquable conteur, qui nous avait enchantés lors de ce mémorable après midi de Juin.

Grand admirateur de Giono, Céline et Rimbaud, ami de Louis Nucera (entre autres), après La Fiancée des corbeaux, il nous revient avec ce recueil de chroniques pleines d'émotion, d'amour, d'humour et d'une certaine philosophie de la vie. Il a vieilli, lui aussi, et se souvient des épisodes marquants de sa vie : son enfance à Marseille avec sa mère tant aimée, ses frasques de jeunesse, ses ennuis avec la justice, ses ateliers d'écriture aux Baumettes, la vie et la mort de son chat, ses rencontres avec des personnages toujours un peu « border line » (c'est ceux-là qui l'intéressent surtout), la magnifique histoire du libraire de Banon ….

On est porté par cette langue magnifique, l'éloge de la nature en cet automne et cet hiver 2014, les couleurs, les odeurs, et comme un leit motiv, l'évocation d'Isabelle, l'institutrice bien aimée et si belle, qui lui demande de remplacer le Père Noël de l'école au pied levé et c'est un régal !

On referme ce livre avec regret, on sourit, on est triste, on respire, on s'apitoie, c'est la vie, quoi, mais si bien racontée !

A lire et faire lire d'urgence !

Patricia a aimé :

Illettré, de LADJALI Cécile

Actes Sud - Janvier 2016 - 211 pages - 19 €

Il est le héros de l’histoire, et il ne pourra même pas la lire. Léo est le nom de ce jeune homme de 20 ans que l’écrivain Cécile Adjani met en scène dans son dernier livre intitulé « illettré ». Le roman a été publié en Janvier 2016 aux éditions Actes Sud.

Abandonné par ses parents, Léo a été recueilli par sa grand-mère, Adélaïde. A 13 ans il décide de quitter le collège pour travailler dans une imprimerie où il s’occupe de l’impression des caractères. S’il aime jouer avec toutes ces lettres gravées sur du bois ou du cuivre, il sait que l’essentiel lui manque : pouvoir les relier entre elles et leur donner du sens. Léo a honte, il ne sait pas lire : tous les rudiments de son apprentissage à l’école se sont effacés dans sa mémoire ; le traumatisme s’est exprimé : je cite « A dater de ce jour ( c’est-à-dire le départ de ses parents), Léo devint le fils de l’absence et du mutisme. Il flotta parmi les signes. Il était un morceau de frégate que les vagues avaient jeté sur la plage après la tempête »

Autour de Léo, quelques personnes amicales : une grand-mère affectueuse, une jolie et gentille voisine infirmière, la concierge de l’immeuble pleine de bon sens qui lui lit son courrier et l’inscrit dans un centre médicosocial destiné à l’apprentissage de la lecture.

Mais Léo appartient à un autre monde, celui de l’illettrisme. La poésie de l’écrivain nous aide à rentrer dans la vie de ce jeune homme pleine de rêves, de désirs, et même de bonheurs. Mais que de déceptions lorsque nous retombons sur terre avec lui. Cécile Ladjali a écrit un livre difficile sur ce handicap invisible et pourtant essentiel pour bien vivre. Elle nous déstabilise et nous conduit vers un dénouement inattendu et provocateur.

Vous ne sortirez pas indemne de ce livre qui pose à la fois la question du traumatisme de la petite enfance et de l’illettrisme.