« Juste avant l’Oubli » : paru en 2015 chez Flammarion, ce livre de 288 pages a obtenu le prix Renaudot des lycéens.

L’histoire : Franck, un infirmier mal dans sa peau qui déteste son prénom, se prépare à accoster sur une île perdue des Hébrides, à l’ouest de l’Ecosse, pour rejoindre sa compagne depuis 8 ans, Emilie, qui, lasse d’enseigner au collège, a entrepris de préparer une thèse sur le célèbre auteur de polars Galwin Donnell. C’est sur cette minuscule île de Mirhalay que l’auteur étudié s’est réfugié dans la solitude après son divorce, et qu’il a disparu dans des conditons jamais élucidées, car son corps n’a jamais été retrouvé. C’est là qu’Emilie s’est installée depuis 3 mois pour préparer un colloque universitaire sur l’écrivain.

Frank et Emilie sont très attachés l’un à l’autre, mais vivent avec souffrance les décalages et incompréhensions inhérents à tout couple humain. Alors que Franck voudrait se marier et avoir un enfant, Emilie ne songe qu’à ses recherches.

Le livre se déroule sur l’île, dite de l’Oubli, le temps du colloque au déroulement duquel on assiste (communications scientifiques parfois un peu fastidieuses), cependant que parallèlement Franck et Emilie font part de leurs états d’âme respectifs.

S’ajoute la personnalité étrange et désabusée du gardien de l’île, Jock, qui fascine Franck - avec son prénom encore plus insignifiant que le sien) - et lui permet de s’évader et de survivre pendant le déroulement du colloque universitaire.

Par-dessus tout, plane sur le roman l’ombre de Galwin Donnell, l’écrivain qu’étudient avec passion Emilie et ses collègues chercheurs, et dont Franck devient de plus en plus jaloux.

Intérêt du livre : ce roman m’a paru intéressant à plusieurs titres : une analyse psychologique fine de l’évolution, au fil des incompréhensions réciproques, de la relation sentimentale entre Franck et Emilie ; l’atmosphère étrange, voire un peu policière (à l’image de l’auteur étudié) que le comportement du gardien entretient jusqu’à la fin du livre, en lien avec le décès inexpliqué de l’écrivain ; une plume remarquable pour décrypter la complexité des relations interpersonnelles et restituer la beauté ou les secrets d’un lieu (l’île, la mer, omniprésentes avec leur mystère). Par-dessus tout, j’ai apprécié la manière magistrale dont l’auteur bluffe le lecteur à travers l’histoire d’un écrivain que l’on croit réel et qui est, en fait, totalement inventé.

Jean Pol