C'est la rentrée ! Deux romans recommandés par Patricia ...

WAGAMESE Richard

Les Etoiles s’éteignent à l’aube (Traduit de l’anglais par Ch. Raguet)

Ed. Zoe - Avril 2016 - 284 pages -

« Quand tu partages des histoires, tu changes les choses », c’est une belle phrase qui pourrait résumer le livre de Richard Wagamese . Son titre : « Les étoiles s’éteignent à l’aube » .C’est son premier roman traduit en français par Christine Raguet : il a été publié aux éditions Zoe.

Frank a 16 ans ; Abandonné tout petit par ses parents, il vit avec un vieil homme qui l’éduque avec beaucoup d’affection. Son père, entre 2 verres d’alcool, reprend contact avec lui et lui demande de l’emmener au cœur de la montagne pour y être enterré. Ils partent à cheval et vivent au plus prés de la nature. Cette promenade pleine d’imprévus dans la nature sauvage du Nord de l’Amérique est un fort dépaysement pour le lecteur assis confortablement dans son fauteuil.

Mais là n’est pas l’intérêt principal du récit, le romancier nous convie à un réel chemin initiatique entre un père et son fils qui ne s’étaient jamais rencontrés au sens vrai du terme. L’histoire commence dans la violence, c’est presque insoutenable de découvrir ce jeune homme de 16 ans confronté directement à la vie débauchée de son père. Puis ils s’en vont : leur véritable aventure commence , elle est douloureuse et difficile, mais heureusement pour le lecteur, pour le père et le fils, la tendresse sera au rendez-vous de façon inattendue. C’est magnifique ! Non, ce n’est pas du tout un roman à l’eau de rose. Bien au contraire ! Une belle expérience humaine et bien racontée que je vous recommande.

Richard WAGAMESE – Les étoiles s’éteignent à l’aube – Ed. Zoe - 2016

JOSSE Gaëlle

L’ombre de nos nuits

Ed. Notabilia - Janvier 2016 - 195 pages - 15 €

« Ce qui se passe au profond de nos âmes est souvent noir comme la nuit » nous dit le grand peintre George de La Tour dans le dernier roman de Gaëlle Josse « L’ombre de nos nuits » ; il a été publié aux éditions Notabilia en janvier 2016.

Un petit livre, ce dernier roman de Gaëlle Josse : 195 pages seulement. Vous y découvrirez alternativement pourtant 2 histoires et 2 époques bien éloignées l’une de l’autre : L’année 1639, à Lunéville en Lorraine, le peintre George de La Tour réalise une peinture de Saint Sébastien, soigné par une jeune femme appliquée à lui enlever une flèche meurtrière. Si le tableau est une prouesse technique, il est surtout révélateur de l’âme de son auteur, de sa philosophie de la vie même. L’ombre de nos nuits « sert de fond à mes compositions », nous dit-il, mais il ajoute « Je peins le ravissement, l’oubli du monde, dans un bras tendu, une main posée ».

L’autre histoire de ce roman est contemporaine : Un chagrin d’amour ; La jeune femme est amoureuse, lui ne l’est pas vraiment. Une souffrance au fond de lui l’empêche d’être heureux. « J’ai voulu te guérir , nous dit-elle, et je n’y suis pas parvenue. La flèche était enfoncée trop profondément ».

La souffrance est universelle, elle reste une flèche meurtrière, et l’art peut parfois alléger le fardeau et même le guérir. C’est sans doute ce qu’a voulu démontrer Gaëlle Josse dans son dernier roman. En peu de pages très denses elle a réussi son pari. A lire et à relire pour découvrir ces nombreuses passerelles qui existent entre le tableau de George de la Tour et l’âme tourmentée de cette héroïne contemporaine.

Gaëlle Josse – L’ombre de nos nuits – Ed. Notabilia- 15€ - Janvier 2016