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7 mai 2015 4 07 /05 /mai /2015 16:05

Compte-Rendu de la Rencontre autour des livres

du lundi 27 avril 2015

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Le sujet du jour de cette rencontre :

« quel est le livre(littéraire ou non) ou l'auteur ou le personnage qui a influencé ou marqué particulièrement votre vie»?

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Vingt trois bibliothécaires certifié(e)s ou en formation étaient présent(e)s dans la belle bibliothèque animée par l'équipe C.b.p.t de Saint Gély du Fesc.

Ce fut une rencontre très vivante dont le fil rouge se résume en trois mots : diversité, émotion, passion.

A la différence d'autres compte-rendus, je ne préciserai pas la bibliographie et biographie des auteurs ou œuvres évoqués: les interventions furent nombreuses, et la majorité des auteurs ou œuvres très connue ; je tenterai de rendre compte, comme le voulait le thème du jour, des échos que certaines œuvres, ou personnages ou auteurs, ont provoqué chez les lecteurs et lectrices.

Pour Mireille c'est le roman Le désert des Tartares de Dino Buzzati (écrit en 1940 et traduit en français en 1949) qui l'a particulièrement marquée lorsqu'elle avait 15ans : c'est le récit du destin du jeune lieutenant Giovanni, promis à une belle carrière, qui reçoit sa première affectation au Fort Bastiani,il doit arrêter l'ennemi venu du Nord ; au fil des années, son attente vaine le frustre de la gloire espérée, son seul horizon est un paysage désertique. Après 30 ans de carrière, lorsque l'ennemi arrive enfin, il est vieillissant, de jeunes officiers ambitieux sont là pour mener la bataille, il médite sur sa vie : elle aura été une longue attente, la seule certitude de la vie est l'attente de la Mort.

Pour Mireille ce roman a changé sa façon de lire : un roman ne propose pas seulement une histoire, mais une réflexion qui nous touche au plus intime.

Annie, responsable de la bibliothèque de Saint Gely du Fesc qui nous accueille aujourd'hui avec son équipe, a été marquée par le roman Portrait de Femme de l'écrivain Henri James né en Amérique en 1843 mais établi en Angleterre dès 1878 ; le roman raconte la destinée de la jeune américaine Isabel ; elle est âgée de 15 ans lorsque sa tante l'amène en Angleterre afin qu'elle voyage et connaisse le monde ; la jeune fille est intelligente,éprouve un grand désir de séduire ; elle est à la fois fascinée et apeurée par l'idée du mariage « il était vulgaire de trop y penser », elle refuse deux prétendants amoureux et riches, et voyage, en particulier à Florence, où elle rencontre un américain raffiné, Osmond, accompagné de sa fille Pansy ; elle est séduite et pense qu'elle a assez voyagé, elle accepte de l'épouser.

Après une ellipse de trois ans, le lecteur la retrouve dans son palais à Rome, très malheureuse ; elle a découvert qu'elle a été la victime d'un homme prédateur et manipulateur : Mme Merle, qui lui avait présenté Osmond avait été son amante et la mère de la jeune Pansy …

Ce qui est marquant dans cette œuvre, parmi d'autres éléments c'est le fait qu'Henry James nous raconte comment le malheur de toute une vie peut découler d'une erreur de jeunesse...

Jean Pol nous raconte un épisode amusant, mais il faut croire marquant, qui remonte à ses années d'étudiant à la Sorbonne : parce que ses résultats en lettres n'étaient pas assez satisfaisants, il ne se rendit pas au cours durant lequel son professeur devait remettre les dissertations ; il s'agissait d'un devoir sur Le Neveu de Rameau, œuvre bien connue de l'écrivain philosophe du dix-huitième siècle Diderot ; comme dans la plupart de ses écrits, on y voit dialoguer deux personnages qui ont des visions opposées de la vie (Lui : le Neveu de Rameau, et Moi le philosophe) : à travers leur vision opposée, Diderot expose ses propres contradictions, avec la verve qu'on lui connaît ; lorsque Jean Pol rencontra le professeur, elle lui dit ses regrets qu'il fût absent du cours ,lors de la remise des devoirs : son travail était très bon (15 sur 20 ) et elle avait lu sa copie aux autres étudiants ; Diderot avait inspiré Jean Pol, pourquoi ? Nous ne le saurons pas, mais ce qui est certain c'est la force d'un souvenir agréable !

Catherine nous confie que le livre qu'elle relit régulièrement est Le Petit Prince de Saint- Exupéry

publié à N.York en 1946 ; au fil des re-lectures elle découvre la profondeur du conte philosophique, son pouvoir sur l'imaginaire ; il nous apprend à voir selon le cœur, la sensibilité ; en 2015 il n'a pas pris une ride.

Geneviève se souvient de l'importance des livres à tranches dorées de la bibliothèque rose illustrée, et en particulier du roman de La Comtesse de Ségur Les Malheurs de Sophie ; elle se souvient des bêtises de la petite fille, de sa fascination pour la belle boite à ouvrage ; si certaines valeurs éducatives sont dépassées, l’œuvre est encore interrogée à travers la publication de thèses et tournage de films aujourd'hui.

Chantal nous présente le livre de l'écrivain indien Krishnamurti Jiddu (18395-1970) Se libérer du connu, traduit en 1970 : alors que l'écrivain a été éduqué dans une famille de brahmanes, initié dans une société théosophique, il propose dans son livre ,une thèse selon laquelle la transformation de l'humain passe par sa libération de toute autorité, idéologie ou religion, en effet, celles-ci ne servent, selon lui, qu'à perpétuer les conditionnements : il faut apprendre à se connaître, à surmonter la peur, à découvrir le silence : « la vérité n'a pas de chemin et c'est cela sa beauté ».

Chantal a lu ce livre alors qu'elle était adolescente, âge de la vie où chacun cherche son chemin ; elle a aimé la beauté du texte, sa profondeur, qui amène à faire un travail sur soi ; à partir de soi on est toujours en recherche ; cette lecture permet de rester vigilant.

Danielle tenait à nous faire part de son attachement à l'objet livre, c'est la présence des livres exposés sur la table de la bibliothèque CBPT de l'UTT qui lui a fait signe lors de son arrivée à Montpellier.

En revisitant ses souvenirs d'enfance elle se souvient que ces livres préférés présentaient toujours la même trame : un enfant abandonné, du mystère, et la victoire sur l'adversité : elle pense particulièrement au roman En Famille d'Hector Malot(1830-1907).

Anne à son tour nous confie que depuis un an, un livre l'accompagne : Le Peintre d'éventails ,25ème roman de l'écrivain japonais Hubert Haddat (prix Louis Guilloux 2013) ; selon Anne nul autre que cet écrivain pouvait rendre l'atmosphère du Japon et son art d'entretenir les jardins.

Le protagoniste de ce récit poétique, Matabei, se retire au nord-est de l'île de Honshu, il veut fuir le monde, après un drame dont il se sent coupable ; il se cache dans la pension de Dame Hison ; attenant à la pension, se situe le jardin de maitre Osaki, auquel Matabei va vouer une véritable admiration ; maître Osaki représente l'humilité nécessaire à qui recherche la perfection dans un art : l'art du jardin, de la peinture, des éventails, ou de l'écriture de haïkus. Il s'agit d'une quête de l'absolu, de l'harmonie entre l'homme et la nature. Il est nécessaire de se dépouiller de toutes les passions humaines, mais Matabei sera troublé par une jeune fille ... cataclysme intérieur, qui annonce le Tsunami.

C'est un roman dont l'écriture est poétique un roman initiatique qui parle à l'âme, un véritable tableau en mots.

Barbara se souvient du roman autobiographique D'Emilie Carles : Une soupe aux herbes sauvages qui connut un immense succès en 1977. Barbara a été marquée par la foi de cette femme en son métier d'institutrice, son pacifisme, après avoir été témoin des ravages de la première guerre mondiale, ravages dans les familles et les villages ; par son métier elle se bat contre le fatalisme des paysans ,croit au rôle émancipateur de l'école, et pense que « sans amour il vaut mieux ne pas enseigner » Barbara qui aime les biographies dit avoir été marquée par la force d'âme, le militantisme de cette femme.

Francine nous confie qu’adolescente, elle s'est retrouvée dans le personnage d'Antigone de la pièce d'Anouilh Antigone,(1942) : elle était alors, et reste toujours en empathie avec sa révolte contre les compromis, les conventions, proposés par son oncle Créon qu'elle surnomme avec mépris « le cuisinier ».

Stéphanie nous évoque un livre qui l'a fortement émue : Deux petits pas sur le sable mouillé D'Anne-Dauphine Julliand (éditions j'ai lu -2013), c'est l'histoire d'une petite fille de deux ans, Thaïs : une maladie orpheline ne lui donne que quelques mois à vivre ; sa maman lui fait une promesse : « Tu vas avoir une belle vie » c'est l'histoire de la force de l'amour qui lui sera donné : « il faut ajouter de la vie aux jours, lorsqu'on ne peut plus ajouter de jours à la vie »

Dany, adolescente, a été marquée par la saga de l'écrivain Henri Troyat Les semailles et les moissons.; elle pense que cette œuvre peut être une lecture à conseiller à des adolescents en raison des exemples de courage et de persévérance qu'il donne pour continuer à avancer dans la vie malgré les épreuves.

Brefs, ou plus précis, les témoignages firent de cette séance un moment intense ; certains firent remarquer que les livres qui furent importants pour beaucoup, ne sont pas forcément ceux proposés dans leur bibliothèque ; ainsi vont secrets et surprises offerts par les livres d'hier et d'aujourd'hui.

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