Betty de Arnaldur Indridason .

Le sujet : « Dans ma cellule je pense à elle, Bettý, si belle, si libre, qui s’avançait vers moi à ce colloque pour me dire son admiration pour ma conférence. Qui aurait pu lui résister.

J'aurais dû comprendre bien plus tôt ce qui se passait. J'aurais dû… J'aurais dû…» Ensuite, que s’est-il passé ? ...

Pas d'enquête, mais une histoire d'amants diaboliques. Un excellent polar classique, certes, mais avec un retournement de situation au milieu du livre qui change complètement la donne ! Avis partagé parmi les lecteurs.

L’homme de Lewis de Peter May .

Le sujet:dans une île d’Ecosse, (ambiance de nature et de paysages sauvages, des îles

 balayées par l’océan et le vent), se construit un roman policier redoutable entre passé

douloureux et présent à reconstruire.

L’enquêteur (ancien policier à Edimbourg qui a quitté la police pour des raisons

personnelles) retrouve son île natale et ses vieux amis.

On retrouve un corps parfaitement conservé dans la tourbe. Le cadavre mutilé est lié au père

de son amour de jeunesse, au point d’en faire le suspect n°1. Avant l’arrivée de l’inspecteur

d’Inverness, Macleod a une semaine pour résoudre cette histoire et sauver le vieux

Macdonald atteint de démence sénile, et qui est le suspect. Trop facile !

Surgit peu à peu le passé douloureux des enfants écossais orphelins.

Un polar brillant sur fond de retour au pays et de passé dramatique, qui est habité par la présence permanente de l’océan et des falaises. Le vent ayant une importance primordiale.

Roman policier avec une réelle atmosphère, humain, et abordant les problèmes entre les protestants et les catholiques. Le thème de la démence est particulièrement bien traité, on est à l’intérieur de cette maladie !

La maison en pain d’épice de Carin Gerhardsen :

Le sujet : desmeurtres d'une extrême violence font depuis peu la une des journaux suédois.

Les victimes, toutes sauvagement assassinées, appartiennent à des milieux sociaux variés. Leur seul point commun : leur âge, 44 ans. La police découvre bientôt que tous

fréquentaient la même école primaire et interpelle un certain Thomas Karlsson, à l'époque le

souffre-douleur de la classe. Âmes sensibles s'abstenir pour cause de meurtres en série particulièrement violents!

« La maison en pain d'épice », dont on ne comprend véritablement le sens caché qu'à la fin

de livre, est faite pour les amateurs de thrillers rudement bien menés qui ne craignent pas les

débordements d'un psychopathe assoiffé de vengeance.

Les leçons du Mal de Thomas H. Cook .

Le sujet, Jack Branch est un fils d’aristocrates, professeur dans le petit lycée de Lakeland,

Mississippi. Très impliqué dans son métier, soucieux de justice dans un pays encore marqué

par la guerre de Sécession. Il se prend d’affection pour un élève taiseux et renfrogné du nom

d’Eddie Miller. Eddie se tient à l’écart de la communauté, résigné, écrasé par le poids de son

ascendance : en 1954, dans le Delta du Mississipi. alors qu’il avait à peine cinq ans, son père

a assassiné une jeune fille. Depuis, l'adolescent discret, presque effacé, est surnommé le "fils

du tueur de l'étudiante". Le mal se donne-t-il en héritage ? Peut-on sauver les gens d’euxmêmes

? Pour libérer Eddie de son fardeau, Jack lui suggère de mener une enquête sur son

père.

Le maître et l’élève découvrent peu à peu un monde où le bien et le mal se confondent, un

monde de ténèbres, chargé de violence et de mirages.

Toute cette histoire qui a bouleversé sa vie, Jack la raconte plusieurs décennies plus tard, au

gré de ses souvenirs. Un roman terrible, une tension permanente qui vient de la prémonition

permanente d'une catastrophe proche ! Assez diaboliquement l'auteur fait intervenir dans son

récit des bouts de dialogues extraits des minutes du procès de son père.

On pense au début de l'Enfer :

« Vous qui entrez, perdez tout espoir…» (Dante).

Il y a aussi une description intéressante des modes de vie d'une Amérique «du Sud». Ce roman, dur,

tranchant, nous plonge dans les entrailles du mal. Est-ce un roman policier ? Non, c’est un

roman sociologique et psychologique, au charme envoûtant, à la composition complexe et

intelligente, à l’écriture raffinée. Un formidable moment de lecture.

·

Cadix ou la diagonale du fou d’Arturo Pérez-Reverte :

Il s'agit d'un roman historique : Cadix pendant le siège des armées napoléoniennes en 1810-

1813. C'est aussi un roman policier, puisque des jeunes filles sont assassinées sauvagement à

proximité ou à l'endroit où tombent les obus français .Un policier brutal et corrompu aura

toutes les peines du monde à mettre un terme à ces meurtres (le dénouement n'interviendra

qu'aux dernières pages du livre).

Nous connaissons la passion de l’auteur pour le jeu d’échec ! (« Le tableau du maître

flamand ») Son roman est basé sur ce jeu, Cadix étant le plateau, le fou étant l’inconnu qui

assassine des jeunes filles. La ville est assiégée par la flotte de Napoléon, elle ne souffre pas

trop du siège, car des navires espagnols et anglais empêchent les Français d’approcher.

Premier pion : le commissaire qui mène l’enquête, têtu et sans scrupules. Deuxième pion :

un capitaine d’artillerie de l’armée française qui tente de trouver les moyens d’augmenter la

portée de ses canons, aidé par un espion qui, depuis l’intérieur de Cadix, le renseigne sur les

endroits où tombent les bombes. 3

ème : un étrange taxidermiste. 4ème

: une armatrice de

navires marchands dont le commerce ne pâtit pas trop du siège des français.

Ce très gros roman (trop gros ?) voit les destins de ses personnages avancer, se croiser, se

rencontrer. Quel rapport les meurtres ont-ils avec les bombardements des Français ? Quel

jeu chaque personnage joue-t-il ? Le commissaire, amateur de jeux d'échec, découvre que

ces meurtres tracent sur la cité une carte sinistre, la main d'un joueur invisible semble

déplacer ses pions selon les lignes de tir de l'ennemi.

L’impression du lecteur : un pessimisme envers l’homme, une description de la violence, de

la guerre, de la vengeance, mais aussi l’amour de la mer et de la ville de Cadix.

De superbes descriptions qui donnent envie d’aller voir sur place. trois livres en un, roman à

tiroirs : 1) une enquête policière, 2)une époque ciblée : l’occupation de Napoléon (la fin et le

déclin des colonies espagnoles) 3) un roman historique et d’aventures (sur la marine et la

mer).

Un roman très documenté et un très bon moment de lecture !

·

L’oeuvre de Mankell :

Ecrivain suédois né en1948. Abandonné par sa mère, est élevé par son père. Gendre

d’Ingmar Bergman. Partage sa vie entre la Suède et le Mozambique. Connu dans le monde

pour les enquêtes policières de son commissaire désabusé Kurt Wallander. Au fil de ses

enquêtes, son caractère devient de plus en plus dépressif. L’aspect psychologique des

personnages de Mankell est très important et c’est ce qui fait le sel de ces romans. Toutes les

enquêtes se passent dans le sud de la Suède en Scanie. Parmi ses livres plusieurs titres : Les

morts de la Saint Jean, Les chiens de Riga, La lionne blanche, L’homme qui souriait...

·

Glacé de Bernard Minier :

Véritable policier, on rentre tout de suite dans le vif du sujet ! Au petit matin, dans une

vallée encaissée des Pyrénées, une équipe d’ouvriers monte (par une cabine de téléphérique)

prendre son travail lorsque, dans le brouillard, ils découvrent le cadavre d’un... cheval.

Accroché à la montagne, sans tête... En parallèle, une jeune psychologue prend son premier

poste dans le centre psychiatrique de haute sécurité qui surplombe la vallée. Le commandant

Servaz se voit confier cette étrange enquête.

Une atmosphère étrange et oppressante, une intrigue tendue, une plongée implacable dans

nos peurs les plus secrètes. Pour un premier roman, une réelle révélation.

Impression : polar qui, dès le début, nous met face à un meurtre pas comme les autres...

Avec très vite un suivant. Mobilisation générale (gendarmerie, policiers, experts, corps

médical, juges, procureurs...) pour empêcher d’autres meurtres. On finit par soupçonner tout

le monde, à tour de rôle, et par conséquence on risque de se tromper beaucoup ! La fin

s’accélère, devient saccadée, arriverons nous à temps pour éviter le drame ? Pour savoir qui

est le tueur, là, c’est le choc ! La fin est tout simplement géniale. L’humour n’est pas absent,

charge contre la bureaucratie de la police, les enquêteurs ne ressemblent pas aux policiers

classiques décrit dans les romans ; des réflexions sur la folie : «

la folie est contagieuse,... le

vecteur du paludisme est le moustique, pour celui de la folie, son vecteur préféré, ce sont les

médias. »

Quelques réserves : les personnages secondaires sont peut être pas assez cernés ou

décrits, mais cela poussera l’auteur à nous convier à une autre enquête.

·

Et pour finir la BD de Fred Vargas : les quatre fleuves .

C'est le livre d'une rencontre entre deux univers : le roman et la bande dessinée.

D'un côté, Fred Vargas, auteure de polars. De l'autre, Edmond Baudoin

, dessinateur de BD. Son trait est léger, il sait capter l'âme de ses personnages et la faire passer par son dessin.

L’histoire ? C’est un polar. Avec tous ses ingrédients : meurtre, enquête, suspect

inquiétant. Le fameux inspecteur Adamsberg, tout droit sorti des bouquins de Vargas. Deux

jeunes, Vincent et Grégoire, vivent des braquages qu'ils commettent. Mais après s'en être

pris à un vieux, comme ils disent, ils découvrent dans son sac 30000 francs, mais aussi ...

L'inquiétude monte, jusqu'à l'assassinat de ….. Mais plus que l'histoire, Baudouin rend par

son dessin âpre l'image d' un Adamsberg , solitaire au visage émacié et parfois tourmenté,

ainsi que l’ambiance des héros de Vargas. Le dessin en noir et blanc sert parfaitement cette

histoire, et apporte une plus-value indéniable à celle-ci. C'est une nouvelle approche de

l'oeuvre de Fred Vargas ,et un travail à deux qui permet un regard nouveau sur des

personnages déjà bien familiers.

Une bonne idée d'affichage inspirée par Anne Marie et Jeanne Marie de la Clinique du Castelet